De plus en plus, les gouvernements voient arriver de nouveaux acteurs de la diplomatie sur la scène internationale : société civile, les hommes d’affaires, universitaires, experts, le monde de la culture, le monde du numérique ou du sport et bien entendu les parlementaires qui contactent directement leurs homologues étrangers afin d’échanger leurs points de vue, de discuter d’actions publiques, de promouvoir la vision de leur pays respectifs. Qu’en est il de la diplomatie parlementaire marocaine ? Les parlementaires ont ils joué un rôle déterminant dans le dialogue et la concertation qui a favorisé la mise en œuvre du statut avancé Maroc /UE. Peuvent ils être à la hauteur des défis à venir ?
Les échéances qui s’imposent sont nombreuses notamment à la Cour de Justice de l’Union européenne et pour la renégociation des accords agricole et de pêche. Et puis, le retour du royaume à l’Union Africaine pour briser l’isolement et prendre son destin diplomatique en main exige déjà une diplomatie augmentée. Les contrariétés à Maputo au Mozambique ou au Japon nous renseignent sur l’ampleur du challenge à relever.
Le caractère informel des groupes parlementaires d’amitié, des commissions mixtes ne réduit aucunement les relations de travail et de coopération interparlementaire qui œuvrent pour la paix, la sécurité, la croissance et le rapprochement des peuples. D’autant plus que la conjoncture actuelle et ce monde qui change vite exhortent les députés à sortir de leur fonction législative afin de défendre, efficacement, les intérêts de la Nation et d’épauler ou d’accompagner la diplomatie officielle dans ses négociations et actions avec l’UE, l’UA ou le reste du monde. Mais pour que le Maroc parle d’une même voix, toute action complémentaire et directe doit être en concertation avec l’exécutif, loin des calculs politiciens.
En fait, la diplomatie parlementaire se confirme, depuis une vingtaine d ‘années, comme une activité majeure aux vertus connues et reconnues dans le domaine des relations internationales dépassant aujourd’hui le simple cérémonial protocolaire. Elle sera déterminantes pour le royaume dans les prochains mois, notamment dans l’espace africain, car le Parlement Panafricain sera le champs de rudes discussions, négociations et délibérations dans un contexte assez hostile.
S’il faut une définition, la diplomatie parlementaire est un processus récent qui a émergé principalement avec la mondialisation . Elle concerne globalement l’ensemble des activités parlementaires, bilatérales ou multilatérales, dans le domaine des relations extérieures ayant un impact direct sur la vie intérieure du pays. Elle incluse, selon le sénateur canadien Daniel Philip Hays, les initiatives des « parlementaires à titre individuel, ainsi que leurs assemblées et associations, qui s’occupent des relations extérieures. »
Cependant, la diplomatie parlementaire ne pourrait prétendre rivaliser avec la diplomatie gouvernementale, qui a l’expertise et les moyens de ses stratégies et actions. Ce sont des démarches complémentaires et concertées visant la prospection et la recherche de pistes de partenariats et de rapprochement de points de vue, au dessus des clivages et tenant rigueur des contraintes de confidentialité.
Le contexte mondialisé qui efface de plus en plus les frontières, les mutations en méditerranée et l’évolution institutionnelle en Afrique imposent, à un pays comme le Maroc, une stratégie diplomatique élaborée et performante, impliquant la société civile notamment des marocains du monde, la coopération décentralisée, le monde des affaires, les médias, le monde de la culture, les sportifs ainsi que les parlementaires et la coopération interparlementaire pour mieux défendre les priorités et promouvoir les intérêts majeurs du pays en Europe et en Afrique.
La dynamisation et la structuration des actions de cette forme de diplomatie, en collaboration et coordination avec le Ministère des affaires étrangères, est devenue une urgence afin de réussir les défis de l’avenir. L’essor de la diplomatie parlementaire dans le monde entier indique le travail qui reste à faire pour la mettre à niveau et pour consolider les liens avec nos partenaires européens ou africains. Aucune efficacité ou crédibilité n’est possible sans dynamique performative. Il est temps de stimuler l’action de la Commission Parlementaire Mixte en particulier et de la diplomatie parlementaire, en général, pour qu’elles puissent contribuer, efficacement, à la diplomatie nationale concertée.
SM le Roi Mohamed VI l’a indiqué dans son discours: « la coopération, hier basée sur la relation de confiance et les liens historiques, est, aujourd’hui, de plus en plus fondée sur l’efficacité, la performance et la crédibilité ». Il est donc primordial de développer la Commission Parlementaire Mixte, un peu trop disctrète, pour qu’elle puisse atteindre la performance souhaitée par le Souverain en contribuant à une offensive diplomatique d’envergure. Elle doit impérativement s’inscrire dans des actions formelles et informelles notamment de renforcement des capacités des parlementaires eux même et l’élaboration de plans de communication adaptés.
Pour ce faire, il est responsable de s’accorder un droit d’inventaire global afin d’évaluer les impacts des choix stratégiques de la diplomatie marocaine et des actions de toutes autres formes de diplomatie, notamment celle dite parallèle. Seul un état des lieux objectif pourra clairement déterminer les failles et définir les réajustements pour consolider la diplomatie officielle et créer ou renforcer les diplomaties parlementaire, civile, économique, culturelle, universitaire, digitale ou sportive pour faire entendre, encore plus fort, la voix d’un Maroc qui parle d’une même voix.
BBT
التعليقات مغلقة.