Colloque international à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion d’Oujda, affiliée à l’Université Mohammed I d’Oujda À propos de la recherche appliquée : recherche-action, intervention et expérimentation
Que peut apporter l’université à son écosystème ? Les recherches menées par les universitaires répondent-elles aux aspirations des praticiens et des acteurs professionnels? Peut-on transformer les organisations en adoptant des protocoles de recherches contemplatifs ? Les recherches opérées alimentent-elles les modèles normés adoptés par des enseignants-chercheurs ? Autant de questions qui gagnent en légitimité dans les débats académiques et professionnels et qui peuvent parfois mettre en péril tous les efforts déployés par le monde académique en matière de la promotion de la recherche scientifique surtout dans un contexte scientifique marqué par la primauté des courants réduisant le scientifique au paradigme positiviste et au raisonnement déductif (Buono et al. 2018). Ces questions sont encore plus importantes, surtout, quand il s’agit de la recherche en sciences de gestion qui est envisagée avant tout – admettonsle- dans une logique de l’action, et à l’avant-garde du développement des entreprises et des organisations aussi bien privées que publiques.
CONTEXTE ACTUEL ET ARGUMENTAIRE
Dans son état actuel, la recherche en sciences de gestion, et à l’encontre des sciences dures (médecine, chimie, physique, biologie), semble être précaire et fortement interrogée par les acteurs sociaux, décideurs et responsables des organisations. Les critiques en question sont principalement dues à la dominance de la logique fondamentaliste des travaux réalisés, avec notamment des méthodes axées sur des protocoles distanciés, de conception en chambre, des données de seconde main, in vitro et quantitatifs. Il en résulte un fossé de plus en plus grand entre les contributions des chercheurs et les attentes des acteurs du terrain.
Notons dans ce sens, une étude de la FNEGE réalisée sous la direction de Kalika et al. (2006) auprès de dirigeants d’entreprises sur leur perception de la recherche en management.
Les résultats montrent que 50% des interrogés considèrent la recherche en sciences de gestion inutile et ce pour trois raisons fortes : i) protocole de recherches inadapté ; ii) faibles contributions des recherches réalisées au bien être des organisations ; iii) les dirigeants ne sentent aucun changement, ni influence sur leurs organisations partant des recherches réalisées par les chercheurs en sciences de gestion. Par ailleurs, les débats autour de l’impact des recherches sur l’écosystème ne sont pas récents, mais qui remontent à il y a longtemps. Ils ont progressé remarquablement depuis l’ère des gourous du Management à la fin du XIXe et au début du XXe siècle : l’américain F.W Taylor suivi par le Français H. Fayol.
A souligner par là -même que cette dynamique de progrès s’est renouvelée avec l’explosion des méthodes de recherches appliquées de natures recherche intervention, recherche action, recherche expérimentation marquées par leurs caractères de type : in vivo, immersif, qualitatif, longitudinal et d’observation. Aux plans institutionnels et procéduraux, ces débats ont donné lieu à l’avènement des centres de recherches (Le Centre de Recherche en Gestion de l’Ecole Polytechnique, Academy Of Management, Institut de SocioEconomie des Entreprises et des ORganisations) et des revues (International Journal of Action Research, Qualitative Research in Accounting and Management, Audit Contrôle Comptabilité et Recherche Appliquée (ACCRA), Management Accounting Quaterly), etc. Toutes ces initiatives concourent à l’idée de la centralité de la recherche appliquée en sciences de gestion. Ce qui a débouché en outre sur l’ouverture du statut des enseignants-chercheurs sur de nouvelles attributions, très observées d’ailleurs, à l’instar du statut de Professeur-Consultant (Savall 1989), de Engaged Scholarship (Van de Ven et Johnson 2006) et d’Ingénieur-Chercheur (Verstraete et Philippart, 2019).
Pour autant, ces débats métamorphiques visent à atteindre prioritairement un seul objectif qui est celui de pouvoir produire des connaissances d’intention scientifique servant à la fois les confrères du monde académique et les praticiens, et ce au travers des processus interactifs, collaboratifs et partenariaux.
Partant des développements précédents, l’idée maîtresse de ce symposium est de créer un espace de débat, de réflexion et d’échange en vue d’actualiser et de discuter des problématiques endogènes relatives à l’objectivation et à la validité des résultats des recherches et des problématiques exogènes relatives à la vulgarisation, à l’acceptation et à l’adoption des méthodes de recherche appliquée en sciences de gestion par la communauté scientifique. Il est à signaler également, la particularité intégrative de ce symposium qui ambitionne de rassembler des spécialistes, étrangers et marocains, de recherches action, intervention et expérimentation en sciences sociales comme en sciences dures et des responsables des organisations publiques et privées.
En outre, cet évènement sera l’occasion pour animer des ateliers pour les doctorants désireux d’exposer les aspects méthodologiques de leurs travaux respectifs devant des enseignants chercheurs de renommée.
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